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UNITÉ DE COMPOSITION.

qui ait essayé d’arriver à un commencement d’application aux faits : après une découverte intéressante, et quand il vient d’écrire plusieurs mémoires pleins d’avenir, il se détourne tout à coup de la science ; il quitte, selon son expression, son ossuaire scientifique ; il oublie, durant trente années, ses précieux manuscrits, et ne se réveille de cette longue indifférence que lorsque enfin, au bruit causé dans le monde savant par l’apparition de la Philosophie anatomique, il sent le besoin de dire : Et moi aussi, je suis anatomiste ! Gœthe eût-il ajourné, de 1785 à 1820, la publication de ses travaux, s’il en eût pleinement senti l’importance ? Le plus grand poëte de l’Allemagne eût-il renoncé volontairement à l’espoir d’en devenir aussi le plus illustre zootomiste[1] ?

Nos lecteurs nous comprendront maintenant, si, distinguant avec soin la conception de l’idée, sa première application aux faits et sa démonstration, nous disons :

En 1795, Geoffroy Saint-Hilaire conçoit l’idée de l’Unité de composition organique ; il l’énonce en

  1. « Il serait bien à souhaiter, écrivait en 1800 Gotthelf Fischer, que cet observateur, plein de sagacité, fit connaître au monde savant ses ingénieuses idées sur l’organisation animale et les principes philosophiques sur lesquels il se fonde. » Les mêmes vœux durent être et furent souvent exprimés par les compatriotes de Gœthe : ils parurent toujours le blesser.