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VOYAGE EN PORTUGAL.

arrivaient au lieu de l’accident. Ils s’empressèrent d’offrir leurs soins à la blessée pour elle et pour sa famille, lui firent accepter leur voiture, suivirent à pied jusqu’à la ville la plus voisine, et ne reprirent leur route que quand ils ne purent plus être utiles. Qui eût prévu que ce petit événement de voyage allait leur donner une protectrice puissante, et peut-être leur sauver la vie ?

C’était une dame de Mérida, femme d’un officier supérieur, et nièce du comte de Torrefresno, gouverneur de l’Estramadure. L’arrestation des deux Français, les tentatives violentes du peuple contre eux, le danger qu’ils courent, sont les premières nouvelles qu’elle apprend à son arrivée à Mérida. Son cœur s’ouvre à la pitié ; elle sauvera ceux qui l’ont secourue. Le quatrième jour de leur captivité, ils savent qu’ils peuvent espérer. Dans la nuit du 11 au 12, par l’autorité du gouverneur[1], les portes de la prison s’ouvrent pour eux ; leur voiture leur est rendue ; une escorte les accompagne ; et le 13 ils sont à Elvas, première ville de Portugal, alors occupée par le général Kellermann.

  1. L’évasion des deux Français fut, par la suite, reprochée comme une trahison au comte de Torrefresno. Il périt victime de la bienveillance qu’il avait montrée en plusieurs occasions pour nos compatriotes.