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CHAPITRE VI.

pondant de l’Institut de France, avait été compromis dans les événements politiques du commencement de 1808 : il était en exil, et le duc d’Abrantès se montrait fort animé contre lui. Geoffroy Saint-Hilaire ose seul plaider une cause que tous regardaient comme désespérée. Il la perd ; il s’y attendait. Le lendemain, il revient à la charge avec une insistance qui provoque la colère du duc ; il s’y attendait encore, ne s’effraie pas, et poursuit. Enfin sa généreuse opiniâtreté triomphe, et le proscrit est rendu à sa famille.

Cependant la guerre se rallumait en Portugal. Une insurrection avait éclaté le 16 juin à Oporto, et se propageait rapidement dans le Portugal. Ce fut pour Geoffroy Saint-Hilaire l’occasion de rendre un nouveau et plus grand service aux Portugais. Lorsque, en juillet, une colonne française fut dirigée sur Évora, l’archevêque de cette ville, ancien gouverneur de l’un des Infants, dut sa tranquillité, sa vie peut-être à Geoffroy Saint-Hilaire. L’un des hommes les plus distingués de sa nation, et non moins digne de respect par ses vertus que par son âge, ce prélat avait mérité qu’on l’appelât le Fénélon du Portugal. Geoffroy Saint-Hilaire, à la première nouvelle du danger qui le menaçait, intervint auprès de son ami le général Loyson, chef de l’expédition d’Évora ; et tout danger fut écarté de cette tête vénérable.