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ENSEIGNEMENT.

fait, en 1793, pour Lacépède, il le fit, en 1809, pour Lamarck. Son illustre collègue au Muséum était son ancien dans la science ; il avait une nombreuse famille et plus de gloire que de fortune : c’est à lui qu’appartenait la nouvelle chaire. Geoffroy Saint-Hilaire le pressa de l’accepter. Il fit pour la transmettre à Lamarck tout ce qu’un autre eût fait pour se l’assurer à lui-même. Mais la délicatesse de Geoffroy Saint-Hilaire devait, cette fois encore, céder devant un noble refus. Lamarck, avec la modestie de l’homme de génie, trouva trop vaste pour lui le programme d’une chaire où devait être enseigné l’ensemble de la zoologie et de l’anatomie comparée. Il pensa que pour l’occuper dignement, de nouvelles études lui seraient nécessaires, et il jugea qu’à soixante-cinq ans, il était trop tard pour les entreprendre. Il crut donc de son devoir de ne pas accepter. Ce fut son premier et son dernier mot : sa conscience, trop sévère à lui-même, l’avait dicté, et quand ce juge suprême avait prononcé, qui eût pu ébranler le stoïque et désintéressé Lamarck ?

Geoffroy Saint-Hilaire devint donc le premier professeur de zoologie de la Faculté, comme il l’avait été du Muséum. Il commença, vers la fin de 1809, cet enseignement qui devait exercer une si grande influence sur la jeunesse savante et sur lui-même. Chargé au Muséum d’un cours spécial, il n’avait cessé de s’y inspirer de ses vues générales ; mais il