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ENFANCE ET PREMIÈRE JEUNESSE.

III.

Au moment même où l’Europe coalisée portait la guerre sur notre territoire, le trône, depuis longtemps ébranlé, de Louis XVI, s’écroulait sous la colère du peuple. Par la journée du 10 août, la nation se trouva divisée en deux classes ennemies ; et la main du redoutable vainqueur s’appesantit aussitôt sur les vaincus.

Geoffroy Saint-Hilaire, jeune et obscur étudiant, n’avait rien à redouter pour lui-même. Mais ceux qui l’entouraient, étaient, par leur qualité de prêtres non assermentés, désignés à l’avance à la persécution. Haüy, comme le plus illustre, fut arrêté l’un des premiers. Dès le 12 ou 13 août, Geoffroy Saint-Hilaire eut la douleur de voir ce maître bien-aimé, arraché de sa modeste cellule du Cardinal Lemoine, et conduit au séminaire Saint-Firmin, dont on venait de faire une prison. Les autres ecclésiastiques du Cardinal Lemoine et de Navarre furent de même presque tous incarcérés ; et comme la prison de Saint-Firmin, précisément attenante au Cardinal Lemoine, était la plus voisine de ce collége et de Navarre[1], elle réunit la plupart des maîtres de ces deux établissements.

  1. Les bâtiments du Cardinal Lemoine existent encore en partie dans les chantiers qui portent ce nom (rue Saint-Victor et quai Saint-Bernard). Le Séminaire Saint-Firmin ou de la