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ANATOMIE PHILOSOPHIQUE.

temps entrevue, la vérité brillera tout à coup pour lui ; où, dans son esprit, de premières et douteuses lueurs se changeront, dit encore Newton, en une pleine et vive lumière ; où, au-dessus de ces innombrables détails, dédale sans fin, dans les replis duquel errent, sans règle et sans but, tant d’observateurs vulgaires, il apercevra le lien mystérieux qui unit les faits, leur loi commune, leur raison d’être ; où, au milieu de la diversité et de la complication infinies des effets, il découvrira la simplicité et l’uniformité des causes ; où sa main pourra inscrire, une fois de plus, dans l’histoire des sciences, cette sublime formule de Leibnitz, dernier mot de chaque branche des connaissances humaines et de la philosophie elle-même : la variété dans l’unité.

II.

En s’engageant dans ces voies nouvelles où il devait entraîner après lui plusieurs de ses contemporains et la plupart de ses successeurs, Geoffroy Saint-Hilaire savait-il jusqu’où il allait s’avancer ? Avait-il mesuré par la pensée toute la grandeur de l’œuvre qu’il osait entreprendre, toute l’étendue du dévouement qui lui serait nécessaire pour l’accomplir ? S’agissait-il pour lui d’un progrès ou d’une révolution dans la science ?

D’un progrès peut-être en 1806 et 1807 ; mais, sans nul doute, en 1817 et 1818, d’une