Page:Vie, travaux et doctrine scientifique d'Étienne Geoffroy Saint-Hilaire.djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
13
ENFANCE ET PREMIÈRE JEUNESSE.

reviennent près d’Haüy, il leur faut encore consentir à un nouveau délai ; car le 15 août est un jour de fête, et le prisonnier veut avant tout assister à l’office divin[1]. Enfin, après quelques heures, Haüy consent à suivre Geoffroy Saint-Hilaire, et bientôt il se retrouve au Cardinal Lemoine, près du vénérable Lhomond, délivré aussi, presque aussitôt qu’arrêté, grâce à la puissante protection de l’un de ses anciens élèves, Tallien.

Geoffroy Saint-Hilaire venait de payer sa dette à Haüy : mais il ne pouvait se livrer à la joie, tandis que ses respectables professeurs de Navarre et du Cardinal Lemoine restaient sous les verroux. Que faire pour eux ? telle est, jour et nuit, sa

  1. Dans le bel éloge d’Haüy, lu par Cuvier, en 1825, à l’Académie des sciences, après un récit, en général exact, de l’arrestation et de la délivrance d’Haüy, l’auteur dit : « Le lendemain matin il fallut presque l’entraîner de force ; on frémit encore en songeant que le surlendemain fut le 2 septembre. » On voit, par le récit que nous avons fait nous-même d’après divers documents, que cette dernière phrase ne doit pas être prise à la lettre.

    Tous ceux qui ont assisté à la séance où fut prononcé l’éloge d’Haüy, se souviennent encore de la profonde sensation qu’il produisit, et des vives sympathies dont Geoffroy Saint-Hilaire se vit l’objet de la part de l’assemblée tout entière. Son émotion était déjà extrême, lorsqu’un des assistants s’élance vers lui, en s’écriant : « Cher ami, cœur, esprit, talent, vous avez tout ! » Cet ami chez lequel le récit d’une noble action venait d’allumer un si généreux enthousiasme, c’était le général Foy.