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CHAPITRE IX.

a lieu normalement dans le premier cas et par anomalie dans l’autre, qu’observons-nous ? Au milieu de tous les éléments organiques qui les constituent, chaque homologue se porte vers un homologue : l’union s’établit entre parties similaires. Et qu’on le remarque bien : ce n’est pas quelquefois ; c’est toujours. Quand on réfléchit à la disposition de l’arbre artériel et de l’arbre veineux, s’accompagnant mutuellement dans toutes les parties du corps et se trouvant en contact sur tant de points, comment ne pas s’attendre à voir cette contiguïté presque constante se changer parfois en continuité ? Eh bien ! l’a-t-on vu souvent ? Non. Quelquefois ? Non. On ne l’a jamais vu. Pas un exemple n’est connu de l’embranchement anomal d’une artère aortique sur une veine appartenant au système des veines caves, et réciproquement. Toujours un rameau artériel se porte vers une branche artérielle, un rameau veineux vers une branche veineuse, et de même, invariablement, pour tous les éléments organiques, de quelque système qu’ils soient, A vers A, B vers B, C vers C, jamais A vers B, ou B vers C.

Il existe donc entre les éléments similaires de l’organisation une véritable affinité élective, une sorte d’attraction intime, comparable aux attractions moléculaires des physiciens, aux affinités électives des chimistes, c’est-à-dire, presque in-