Page:Vie, travaux et doctrine scientifique d'Étienne Geoffroy Saint-Hilaire.djvu/343

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
333
CLASSIFICATION ZOOLOGIQUE.

il n’a qu’une conviction, qu’une opinion dont la probabilité ne peut être appréciée. Entre les mêmes solutions, avec les mêmes éléments, un autre eût pu préférer, à aussi bon droit, celle qu’il vient de repousser ! Comment les déterminations seraient-elles les mêmes pour tous, quand chacun doit en appeler à ce qu’on a nommé le tact du naturaliste, c’est-à-dire, au fond, à son sentiment propre et individuel ?

Voilà, dans une multitude de cas, la déplorable nécessité, à laquelle se voit réduit le naturaliste classificateur. Cuvier l’a acceptée ; Geoffroy Saint-Hilaire n’a pu s’y soumettre ; et, en agissant inversement, l’un n’a pas été moins conséquent que l’autre.

Cuvier voit dans la classification l’idéal même auquel l’histoire naturelle doit tendre, et dans cet idéal, si l’on parvenait à le réaliser, l’expression exacte et complète de la nature entière ; par conséquent, en un mot, toute la science[1]. Voilà la doctrine de Cuvier telle que lui-même la formule. Comment n’aurait-il pas placé au premier rang les travaux dirigés vers le perfectionnement de la classification ? Et pouvait-il renoncer à ceux-ci, sans renoncer en même temps à perfectionner la science elle-même ?

Pour Geoffroy Saint-Hilaire, au contraire, la classification n’est pas toute la science ; elle n’en est

  1. Introduction du Règne animal, t. Ier, 1re édit., p. 12 ; 2e édit., p. 10.