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CHAPITRE X.

n’était sur sa route, et il n’était pas homme à se laisser entraîner par la puissance de l’exemple et le prestige des idées régnantes. Loin de là : plus il voit à celles-ci de partisans, et plus il les combattra ; plus il voit les naturalistes faciles à se contenter des explications apparentes d’une métaphysique nuageuse, plus il se montrera sévère à lui-même, n’hésitant pas à s’arrêter où s’arrêtent les faits et leurs conséquences légitimes, et aimant mieux déclarer l’insuffisance de son propre savoir que de jeter sur elle le voile d’une séduisante, mais dangereuse hypothèse. Suivez-le dans ses études sur les instincts des animaux ; par exemple, dans ses deux Mémoires sur leur affection mutuelle. Le charme des faits merveilleux qu’il rapporte, l’entraîne-t-il en des explications encore impossibles ? Non, il raconte ; il fait entre les vues des anciens et celles des modernes un curieux et instructif parallèle ; et quand le lecteur s’attend peut-être à le voir se perdre, comme tant d’autres, dans les tentatives d’une psychologie hasardée, il s’arrête tout à coup : « il y a, dit-il, une grande tendance dans les esprits pour discuter ces graves questions ; mais nous devons continuer de nous en abstenir… Nous manquons toujours de quelques faits essentiels, auxquels nous n’atteindrons sans doute que par une nouvelle méthode d’investigation. Trouvons d’abord cet instrument. »