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ZOOLOGIE PHILOSOHIQUE.

S’il s’abstient ici, il traite, au contraire, et même à plusieurs reprises, la grande question des relations des animaux avec le monde extérieur et de l’harmonie des organes avec les fonctions ; et sa persistance, dans ce second cas, n’est pas moins conforme que son silence, dans le premier, à la règle de conduite qu’il s’était tracée. C’est encore une hypothèse métaphysique qu’il rencontre ici devant lui, mais une hypothèse sur laquelle ont prise l’observation, le raisonnement et l’expérience même : ici donc l’instrument est trouvé, et la question est mûre.

Rien de plus séduisant pour l’esprit, au premier abord, que la doctrine des causes finales : rien de plus contraire à la saine philosophie, que les abus qu’on en a faits et qu’on en fait chaque jour encore. Les livres sont pleins de raisonnements où la puissance providentielle de Dieu est représentée comme intervenant dans la conservation des espèces, non par ces lois générales d’harmonie qu’elle a posées à l’origine des choses, mais par des soins apportés minutieusement et spécialement à la création de chaque être. Que dirait-on d’un astronome qui voudrait substituer à la théorie newtonienne, dans la mécanique céleste, l’hypothèse d’autant de causes et de principes particuliers de mouvement que les espaces renferment d’astres errants ? Telle est, et plus irrationnelle encore, la doctrine qu’on a si longtemps fait prévaloir en histoire naturelle, que