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ZOOLOGIE PHILOSOHIQUE.

problème tout entier, avec ses immenses et inextricables difficultés. Lamarck, sur les traces de Pascal, ose seul le résoudre, et sur ce nouveau terrain, la science ne peut plus démontrer qu’il se trompe : mais aussi comment démontrerait-elle qu’il a raison ? Des effets presque infinis de variation supposeraient des causes d’une intensité presque infinie aussi : on peut croire à celles-ci ; mais prouver qu’elles existent, on ne le peut encore : le pourra-t-on jamais ? C’est donc un problème à réserver entièrement à l’avenir, supposé même que l’avenir doive avoir prise sur lui.

Mais la science devra-t-elle complétement s’abstenir ? Ni Cuvier ni Geoffroy Saint-Hilaire ne l’ont pensé. Tous deux, comme avant eux Buffon, ont tenté de déterminer si les animaux qui peuplent aujourd’hui le globe, ont pu avoir pour ancêtres ceux qui l’habitaient avant les derniers cataclysmes.

Dominé par son idée favorite de l’immutabilité de l’espèce, Cuvier ne pouvait manquer de nier toute parenté entre les uns et les autres. Il suffisait qu’il eût constaté des différences de valeur spécifique entre les Éléphants, les Hippopotames, les Crocodiles antédiluviens et leurs analogues actuels, pour qu’il les déclarât originairement distincts.

Faudra-t-il donc admettre que la nature ait, à plusieurs époques, reproduit les mêmes types ; que le Créateur, après s’être reposé, ait repris, selon