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CHAPITRE XI.

dans la réplique de Geoffroy Saint-Hilaire, l’Unité de composition organique fut seule attaquée et seule défendue. Eh bien ! dès les premiers jours de mars, quand les deux adversaires se tenaient encore renfermés dans le cercle, immense, il est vrai, de cette première question, le public l’avait franchi, et ce qu’ils allaient dire, il le disait déjà. Recherchez les journaux du temps, et dans ceux même qui jusqu’alors avaient le moins songé à entretenir leurs lecteurs des travaux de l’Académie, vous trouverez, sur cette mémorable discussion, non le jugement (qui pouvait alors se permettre de juger ?), mais les vives impressions de la foule qui en suivait avec une ardente curiosité les diverses péripéties. Tout ce que Gœthe devait écrire six mois plus tard, vous le lirez à l’avance, dans des articles improvisés le lendemain des séances de l’Académie, et qui, favorables les uns à Cuvier, d’autres à Geoffroy Saint-Hilaire, d’autres encore gardant entre eux la neutralité, s’accordent à voir, dans leur débat, la lutte elle-même de la synthèse contre l’analyse, celle de l’innovation contre la conservation lentement progressive de l’ordre éta-

    ront tout ce qu’il y avait dans ce jeune savant de modestie et d’amour vrai de la science : « Je regrette vivement, écrivait-il le 17 février à Geoffroy Saint-Hilaire, que des noms obscurs comme les nôtres soient mêlés au vôtre et à celui de M. Cuvier… Notre travail n’est qu’un grain de poussière… »