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CHAPITRE XI.

qu’attristée par l’opposition de Cuvier à ses doctrines : à sa vieillesse étaient réservées l’amertume et la douleur.

Au moment où Cuvier avait été si soudainement enlevé à l’admiration publique, un fait, encore sans exemple peut-être, s’était produit, et ce fait était le plus magnifique hommage que pût recevoir la mémoire de notre immortel zoologiste : le mouvement de la science s’était ralenti tout à coup ; il avait presque paru, en France du moins, s’arrêter un instant. C’est que les naturalistes de toutes les écoles s’étaient sentis également atteints, les uns perdant le chef sous lequel ils étaient depuis si longtemps habitués à marcher, les autres, un adversaire dont l’opposition même, si utile autrefois au développement des théories nouvelles, était nécessaire encore à leur libre défense.

Pour Geoffroy Saint-Hilaire, en particulier, et à part même tous les regrets nés d’une ancienne amitié, il y avait, dans le deuil de la science et du pays, un malheur personnel dont les douloureuses conséquences devaient se dérouler pour lui dans l’avenir. Sur la tombe récemment fermée de Cuvier, il ne pouvait avoir, il n’eut qu’une pensée, celle d’honorer sa mémoire ; et c’est avec indignation qu’il repoussa, lorsqu’elle lui fut offerte, l’occasion de répondre aux vives attaques, contenues dans la leçon du 8 mai. Dans le même sentiment