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FAITS DIVERS.

Roucher. Que n’eût-il pas fait pour son bien-aimé maître, pour son père adoptif Daubenton ? Heureusement le collaborateur de Buffon ne fut qu’un instant menacé, et Geoffroy Saint-Hilaire put écarter tout danger de cette tête vénérable, sans avoir à craindre pour lui-même. Un ouvrier que Daubenton, comme directeur du Muséum, avait réprimandé pour des travaux mal faits, voulut se venger : il en avait le pouvoir. Frère d’une personne attachée au service de Madame Daubenton, et venant familièrement, chaque jour, dans la maison, il avait surpris quelques paroles de Daubenton, assurément fort innocentes en elles-mêmes, mais à cette époque (c’était vers le commencement de 1794) fort compromettantes. Il court les dénoncer à la tribune de la Section, et la redoutable accusation d’incivisme est portée contre Daubenton. « Heureusement Geoffroy Saint-Hilaire, dit une relation que nous avons sous les yeux[1], l’apprend, se rend à la Section, cause avec l’un et avec l’autre, et fait si bien que le rapport de suspicion ne peut

  1. Elle est de M. le professeur Valenciennes, qui l’a rédigée d’après les souvenirs de son père, l’un des aides-naturalistes nommés en 1794, lors de la première organisation du Muséum, et déjà attaché avec les mêmes fonctions à l’ancien Jardin des plantes. Valenciennes père avait été témoin des premiers rapports de Geoffroy Saint-Hilaire avec Daubenton, et il avait même contribué à fixer l’attention de l’illustre professeur sur son jeune élève.