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CHAPITRE II.

une correspondance s’établit entre le jeune naturaliste de Paris et le jeune naturaliste de Fiquainville, et les précieux manuscrits, fruits des loisirs de Cuvier, furent envoyés, sur sa demande, à Geoffroy Saint-Hilaire. L’impression, que leur lecture produisit sur lui, fut des plus vives. L’estime qu’il avait conçue pour Cuvier sur la parole de Tessier, fit place aussitôt, dans son âme ardente et enthousiaste, à cette profonde admiration que l’Europe devait bientôt partager avec lui. « Venez, écrivit-il à Cuvier, venez jouer parmi nous le rôle de Linné, d’un autre législateur de l’histoire naturelle. »

Ainsi, celui auquel Daubenton venait d’ouvrir les voies de la science, y appelait, avec lui, le rénovateur futur de l’anatomie comparée : c’est ainsi qu’il devait s’acquitter envers le premier fondateur de cette science[1] !

Cuvier n’osa d’abord avoir autant de confiance que Geoffroy Saint-Hilaire dans ses propres desti-

  1. M. Pariset a fait, à cette occasion, un rapprochement trop curieux pour que nous l’omettions ici. « Quatre hommes, quatre Français, dit-il (Discours déjà cité), ont fait revivre presque sous nos yeux la zoologie : Buffon, Daubenton. Geoffroy Saint-Hilaire et Cuvier. Un trait singulier de l’histoire de nos quatre naturalistes, c’est qu’ils se sont, pour ainsi dire, ouvert l’un à l’autre le chemin de la science et de la gloire. Un auxiliaire était nécessaire à Buffon : il choisit Daubenton. Daubenton adopte Geoffroy Saint-Hilaire. Sur la foi de quelques essais que lui envoie Cuvier, Geoffroy Saint-Hilaire eut