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CHAPITRE III.

soir, il voulait prendre du repos, il retrouvait l’élite des officiers, des savants, des littérateurs, des artistes, réunis chez le général en chef, dans un cercle que Paris lui-même eût envié au Caire.

Et là, chaque jour, il se sentait plus heureux ; car il se sentait plus entouré d’estime et d’affection. Son ardent amour de la science, son enthousiasme pour tout ce qui est beau, pour tout ce qui est grand, son caractère franc, gai, ouvert, généreux, lui donnaient des droits à la sympathie des nobles cœurs et des intelligences d’élite. Aussi se fut-il fait bientôt dans l’armée, aussi bien que parmi ses collègues, d’illustres et durables amitiés.

Le grand homme qui présidait aux destinées de l’armée et devait bientôt présider à celles de l’État, lui témoigna lui-même la plus affectueuse bienveillance. Trois mois après l’arrivée des Français en Égypte, Geoffroy Saint-Hilaire était du petit nombre des privilégiés dont Bonaparte aimait à se voir entouré, qu’il accueillait dans son intimité, qu’il choisissait pour compagnons dans ses excursions[1].

  1. Deux de ces excursions offrirent surtout un grand intérêt, et Geoffroy Saint-Hilaire a voulu, en conserver le souvenir. (Voyez l’Introduction des Notions de philosophie naturelle.) L’une, sur laquelle nous reviendrons plus bas, eut pour but les Pyramides de Gizeh ; l’autre, les carrières des environs du Caire. C’est dans cette dernière excursion que Bonaparte, sur une pente abrupte que l’on gravissait par un soleil ardent, se retourna tout à coup vers ses compagnons, et s’écria : « Com-