Page:Vie, travaux et doctrine scientifique d'Étienne Geoffroy Saint-Hilaire.djvu/93

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
83
EXPÉDITION D’ÉGYPTE.

Et cette bienveillance fut aussi durable que facilement obtenue. Ce que le chef de l’expédition d’Égypte avait été pour Geoffroy Saint-Hilaire, le premier Consul, l’Empereur le furent toujours ; la Malmaison, les Tuileries lui restèrent ouvertes, presque comme l’avait été le palais d’Esbekieh ; et si, trop ami de la retraite, il sembla parfois oublier son ancien général, il n’en fut pas oublié. C’est par un acte personnel du premier Consul qu’à la création de la Légion d’honneur, il fut porté l’un des premiers sur la liste ; c’est de sa main qu’il reçut cette croix, alors si enviée. Comme à ses collègues Fourier et Costaz, une préfecture lui fut offerte ; mais il aimait trop la science et son indépendance pour accepter ces chaînes dorées : il refusa, et le premier

    militones, jamais ce jour et ceux qui me suivent, ne s’effaceront de ma mémoire ! »

    Geoffroy Saint-Hilaire nous a aussi conservé (Ibid., et Études progressives, p. 482) le mémorable entretien de Bonaparte avec Monge, dans lequel le plus grand homme de guerre des temps modernes prononça ces mémorables paroles : « Je me trouve conquérant en Égypte comme le fut Alexandre ; il eût été plus de mon goût de marcher sur les traces de Newton. Cette pensée me préoccupait à l’âge de quinze ans. » Il s’exprimait ainsi au moment même où il allait quitter Le Caire pour revenir en France, et Geoffroy Saint-Hilaire recueillit ces paroles comme un adieu aux savants de l’expédition ; car il avait pénétré le mystère de ce départ encore ignoré de tous. Il dut à sa sagacité, en cette occasion, l’avantage de pouvoir charger le général pour Daubenton, d’une lettre qui lui fut remise en main propre.