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EXPÉDITION D’ÉGYPTE.

qui sépare le Saïd de la mer Rouge, et montre comment, selon l’expression d’Hérodote, l’Égypte est un bienfait du Nil[1] ; zoologiste, il fait l’anatomie de plusieurs poissons rares, et détermine des espèces nouvelles, propres au Nil supérieur ; observateur des mœurs, il découvre plusieurs faits intéressants pour l’ichthyologie, retrouve dans un Pluvier le Trochilus des anciens, et, plaçant désormais cette prétendue fable au nombre des faits, voit cet oiseau pénétrer sans crainte dans la gueule du Crocodile[2] ; antiquaire et naturaliste en même temps, il s’enferme près de trois semaines dans les grottes sépulcrales de Thèbes, étudie à la fois ces grottes elles-mêmes, les animaux sacrés que la superstition

  1. Voyez la grande Description de l’Égypte et l’Histoire de l’Expédition d’Égypte, t. IV, p. 458.
  2. Il est faux que Geoffroy Saint-Hilaire ait cherché à apprivoiser les redoutables reptiles dont, à cette époque, il étudia les mœurs. C’est Daudin qui a mis cette erreur dans la science, et voici sans doute ce qui l’a trompé. Les officiers de la croisière anglaise conçurent un jour l’idée de se distraire et de se venger des ennuis de leur longue station sur la côte d’Égypte, par des caricatures sur les principaux personnages de l’armée française et de la Commission des sciences. Ces caricatures étaient envoyées et publiées en Angleterre. Quand ce fut le tour de Geoffroy Saint-Hilaire, son Mémoire sur l’anatomie du Crocodile, qui venait de tomber dans les mains des Anglais, et qu’il dut refaire plus tard, devint le texte de la plaisanterie dirigée contre lui : on le représenta domptant un crocodile.