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LAZARILLE

« Propre à rien, galefretier, cherche, cherche un maître à qui servir. » — « Et où le trouver ce maître ? répondais-je en moi-même, à moins que Dieu ne m’en crée un maintenant, tout exprès, comme il a créé le monde. »

Passant ainsi de porte en porte et fort mal secouru (car il y a beau temps que la charité est remontée au ciel), Dieu me fit rencontrer un écuyer, qui allait par la rue convenablement vêtu, bien peigné et marchait à pas cadencés et réguliers. Nous nous regardâmes l’un l’autre, et il me dit : — « Garçon, cherches-tu un maître ? » — « Oui, Monsieur », répondis-je. — « Eh bien, viens avec moi. Dieu t’a fait grâce en te mettant sur mon chemin ; tu as dû dire aujourd’hui quelque bonne oraison. »