Page:Vie et conversation de la Bonne Armelle, 1842.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
( 58 )

sion. Au contraire, cet amour est allé de jour en jour en croissant, quoique chaque jour il me semblât que je ne pouvais supporter longtemps le degré d’amour que je trouvais déjà dans mon âme. Maintenant, je suis rassasiée et contente dans son amour infini. Mais autrefois, avant qu’il en fut ainsi, mon âme avait une faim et une soif journalières de cet amour du Seigneur, que j’éprouvais déjà d’une manière si forte, que je ne croyais pas qu’il pût s’augmenter.

§. 40.

Toutefois, je ne suis parvenue à ce degré de paix, à ce rassasiement de joie, que lorsqu’il a plu au bon Dieu de m’introduire en esprit dans son sanctuaire. Pendant les vingt ans dont je viens de parler, j’avais encore vécu dans ma propre maison spirituelle, si j’ose m’exprimer ainsi ; mais à la fin, Dieu m’a fait entrer dans la sienne, c’est-à-dire qu’il m’a fait la grâce d’être en lui, et lui en moi. Depuis lors, ce que j’éprouve dans mon intérieur surpasse tout ce que j’éprouvais auparavant, et je ne saurais le décrire.