Page:Vielé-Griffin - Le Domaine royal, 1923.djvu/40

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Entre les troncs liés, — ainsi juillet allume Ses feux d’herbes, — traînait jusqu’au versant du val Son écharpe de gaze au regain automnal. Un grand vol de corbeaux tournoyait et, railleur, Comme un faucon se pose au poing de l’oiseleur, S’abat, en croassant, au bras levé d’un chêne : Tout annonce, à son gré, que ton heure est prochaine, Astre ! et ta soeur, debout dans la clairière, vit De l’attente exaltante où son coeur est ravi. Le croissant à son front pâlit et va s’éteindre ; Ma main sentait sa main fiévreusement l’étreindre; Tout l’orient s’émeut, palpite, incendié ; Le grand vent, dénouant son geste au mien lié, Est si vif que sa chevelure s’éparpille ; Elle rougit, aurore, à ta roseur de fille, A son cou, lie en hâte un écheveau doré... Voici le dieu ! Voici ton symbole adoré, Beau Christ ressuscité foulant du pied nos crimes ; Une première flèche ensanglante les cimes ! Et, jaillis du moyeu resplendissant, épars, Les rayons de la roue immense du grand char Tournent, évertués, vers le zénith de gloire !