Page:Vielé-Griffin - Voix d’Ionie, 1914.djvu/17

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Alors j'ai baisé sur la bouche
ta gloire aux lèvres humides
du baiser fécond et farouche
d'Amathonte et de Cnide,
Heure d'or ! qui, posant de tes mains
sur mes tempes en fièvre
ton diadème de jasmin,
offrais à mes lèvres tes lèvres...

Voix claire et parfaite et rieuse,
musique et rayon et parfum,
je t'écoute, en cette ombre d'yeuses,
me redire des rêves défunts;
bien que j'ouvre les yeux et m'éveille
aux bruits d'une vaine journée,
mon rêve à jamais s'émerveille :
comme d'une fleur donnée
par quelque main qui dans l'ombre
fut tiède et légère en la mienne...
Bouquetière, m'as-tu apporté d'outre-tombe
une asphodèle élyséenne?