Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/102

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plaisoit à méconnoître les principes du dessin, sans lesquels il n’est dans les arts ni beauté ni vérité. Le mauvais goût de Boucher avoit fait école ; et les peintres françois en étoient venus à ce point de dégradation de considérer comme un préjugé limitation de la nature. Ils cherchoient des succès éphémères dans la singularité des conceptions, dans la bizarrerie des formes, dans le vague de l’expression, dans l’incohérence des idées. Soutenus un moment par le prestige de la nouveauté, ils retomboient dans le mépris de la génération dont ils avoient amusé l’inconstance. Leur siècle passoit en un jour de l’engouement au dégoût ; et leur demandoit, sous peine d’oubli, des extravagances nouvelles. C’étoient en un mot les romantiques de la peinture,


Vien parut ; et, du goût rallumant le flambeau,
Rejetant dans l’oubli ces enfants du caprice,
De leurs fausses couleurs fit tomber l’oripeau,
Et, démasquant leur nature factice,
Aux règles du dessin il soumit le pinceau.
Des peintres, à sa voix, s’arrêta le délire :
La vérité sur eux recouvra son empire ;
Et l’école françoise, abjurant ses travers,