Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/138

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Devroit consulter la prudence :
La vérité par eux fait entendre sa voix.
Ils sont rares sans doute, et bien plus qu’on ne pense ;
Mais on les reconnoît à des signes certains :
S’ils ne flattent jamais, s’ils blâment en présence,
Sur les défauts des souverains
Ils se taisent en leur absence ;
Ils attendent leur récompense,
Et jamais ne tendent les mains ;
Et si ce n’est assez pour les faire connoître,
De leurs vertus, de leurs talents,
Qu’on observe la cour dès qu’on les voit paroître :
S’ils sont haïs des courtisans,
Ils sont les amis de leur maître.
Mais un tel serviteur est souvent dans l’oubli,
Ou la cour et les rois se liguent pour l’abattre.
Nous aurions vu plus d’un Sully,
Si tous les rois étaient des Henri Quatre.


Gardez-vous de croire, madame, que je veuille faire allusion dans ces vers à quelque grandeur vivante, à quelque ministre renversé ; je n’en connois point d’assez téméraires pour oser s’attribuer ce dernier éloge. J’ai vu parmi eux des hommes d’esprit, des hommes d’honneur ; mais j’ai vu rarement des hommes d’état ; et ce n’est pas au milieu des tom-