Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/14

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Entre la vie et le néant,
L’homme laisse au hasard égarer sa pensée ;
Et, le cœur absorbé par de vagues désirs,
De ses émotions ne gardant point l’empreinte,
Vers un but incertain poussant de vains soupirs,
Repasse en son esprit, sans espoir et sans crainte,
Ses projets et ses souvenirs.


Cette situation n’a rien de pénible, rien qui provoque l’impatience. Ce n’est pas tout-à-fait la douleur, c’est quelquefois l’instant où l’on a cessé de l’éprouver. Les plaisirs bruyants, les entretiens du grand monde, l’éclat et le tumulte des fêtes, sont alors des remèdes impuissants, des distractions inutiles : tout nous entraîne vers la solitude et la méditation ; et c’est presque malgré moi que le hasard m’a conduit dans ce séjour de paix et de tristesse. Hélas ! ce fut jadis un lieu de plaisir ; et cette demeure d’un riche épicier de la capitale étoit déjà célèbre sous le nom de la Folie-Regnaud, avant que les jésuites en eussent fait le centre de leurs complots et le foyer de leurs intrigues. Vous savez, madame, que le P. La Chaise, dont le nom est resté à ce domaine, étoit l’un des quatre enfants de Loyola qui,