Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/166

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vieux Kalkreuth, l’élève de Frédéric-le-Grand, le Nestor des armées prussiennes, en lui remettant les clefs de Dantzick, lui demanda son amitié en échange. Une longue postérité lui étoit promise. Père de quatorze enfants, il devoit espérer de lui transmettre l’héritage de sa gloire ; il a eu la douleur de leur survivre. Dix jours avant sa mort, le pressentiment de sa destruction l’avoit conduit dans le lieu même où sa tombe s’élève. Arrêté devant celle de Masséna, il donna quelques larmes à la mémoire de ce héros. Il voulut que sa dépouille mortelle fût mise à côté du vainqueur de Zurick, il désigna lui-même la place qu’il vouloit occuper ; et dix jours après, toutes ses volontés furent accomplies. Ces deux héros ne s’étoient rencontrés qu’une fois sur les mêmes champs de bataille ; mais leur audace, leurs services, et leurs destinées, furent les mêmes ; et les guerriers qui viendront s’asseoir entre les deux sépulcres auront peine à dire lequel des deux renferme le plus brave.

Masséna l’emportoit cependant par son génie. Il partage avec Moreau la seconde