Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/178

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dence sanguinaire. Les évêques, les rois, les papes mêmes, l’autorisoient, et se faisoient un devoir de présider à ces meurtres juridiques. La religion, l’humanité, la philosophie, se liguèrent en vain contre ce préjugé ; il s’appuya sur les passions des hommes, et il triompha de cette sainte ligue. Louis IX s’étoit flatté de l’abolir, et ne réussit pas même a le restreindre. Philippe-le-Bel lui enleva seulement la juridiction des affaires civiles ; mais, en réglant les formes de ces combats en matière criminelle, il en perpétua l’usage ; et cent ans après, un chevalier fut réduit à commettre un parricide pour prouver un inceste. Henri II jura de ne plus ordonner le duel, et le préjugé le contraignit au parjure. Louis XIII déclara qu’il ne pardonnerait ni au vainqueur ni au vaincu, et les duels se multiplièrent par l’appât d’un nouveau danger. Louis XIV renouvela les défenses de ses ancêtres ; et si un officier de ses armées en eût été chassé pour lui avoir obéi, Louis XIV lui-même n’auroit pas osé l’y maintenir. Les progrès de la civilisation n’ont pas atténué la force de ce préjugé : banni de nos lois et