Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/205

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son courage. Il s’éteignit lentement au milieu d’eux ; et quatre mille personnes servirent de cortège à sa dépouille mortelle jusqu’à la place où je viens de rencontrer sa tombe. Le regret de sa perte étoit dans tous les cœurs ; son éloge étoit dans toutes les bouches. Tous pleuroient le citoyen zélé, le François fidèle, l’orateur éloquent, l’homme de bien qui nous étoit ravi dans la force du talent et de âge.


Mais nos vœux par la mort ne sont point écoutés ;
Et nos jours ne sont pas comptés
Par nos talents et nos services.
Elle frappe au hasard ; se rit de nos projets ;
Et les hommes sont les jouets
De ses inflexibles caprices.


Camille Jordan n’étoit pourtant pas sans ennemis. Quel homme dans les crises politiques peut se flatter de n’en pas avoir ? Ceux qui l’avoient loué comme royaliste sous le directoire, le repoussoient aujourd’hui comme libéral ; et cependant il n’avoit changé ni d’opinion ni de caractère. Il s’est fait de-