Aller au contenu

Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/216

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sa cruauté sur-tout s’acharnoit sur l’enfance ;
De la beauté flétrie il étoit la terreur ;
Les mères frémissoient à son nom redoutable ;
Et de ce mal impitoyable,
L’art d’Esculape en vain combattoit la fureur.
Dieu prit enfin pitié de la race mortelle.
L’animal nourricier, dont le nom nous rappelle
La fuite et les amours d’Io,
Cachoit sous sa vaste mamelle
Le remède inconnu de ce triste fléau.
Dieu fit choix de Jenner pour en purger la terre.
Vers les vallons de l’Angleterre,
Où paissoit dans l’oubli l’animal bienfaiteur,
Jenner fut amené par la bonté céleste.
Le vaccin fut conquis ; et de l’horrible peste
L’agile renommée annonça le vainqueur.
Mais au cri de l’Europe, à sa joie unanime,
L’implacable artisan des maux de l’univers,
Le père de l’erreur, du mensonge, et du crime,
S’élance en rugissant du gouffre des enfers.
« Arrêtez, crioit-il dans sa rage impudente,
C’est un affreux poison que Jenner vous présente.
Il mêle à votre sang un germe destructeur. »
Sa voix contre Jenner arme la politique ;
La superstition seconde l’imposteur ;
Le préjugé s’y mêle ; et du nom d’empirique
Ose du genre humain flétrir le protecteur.
Parmentier dans Paris embrasse sa querelle ;