Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/233

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contre lui tous les intérêts politiques, tous les principes conservateurs des états. L’autel et le trône étoient en péril ; la sédition étoit aux portes du Louvre ; l’abomination de la désolation menaçoit le sanctuaire. On le traitoit d’impie, d’athée, de démon ; et l’admiration publique ne l’auroit point sauvé de la vengeance de ses ennemis, si le grand roi ne l’avoit couvert de sa protection puissante. Beaumarchais vit soulever contre lui les mêmes passions. Il étoit perdu, si, en fait d’intrigue, il n’eût valu à lui seul toute une légion de courtisans. Mais il mit de son côté les rieurs du parterre, et se moqua des censeurs qui le persécutoient au nom du goût et de la morale : elle étoit à la vérité blessée par quelques scènes, où le libertinage se montroit un peu trop à découvert : mais ce fut là précisément ce qui fit la fortune de la pièce. Ceux qui crioient le plus au scandale dans le monde couroient à la comédie pour en jouir ; et le siècle qui lui avoit servi de modèle, qui devenoit en l’applaudissant le complice de ses licences, avoit deux fois perdu le droit de le Marner. Les comédies de Beaumarchais n’ont plus be-