Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/264

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Dans la cité royale avoit cessé le bruit ;
Les vents retenoient leur haleine ;
Et l’airain du palais faisoit entendre à peine
La douzième heure de la nuit.
De la terre à l’instant s’ouvrirent les abymes,
Et les innombrables victimes
Qu’elle réceloit dans ses flancs,
Ranimant leur froide poussière,
Reprenant leur forme première,
Offrirent au vieillard leurs fantômes sanglants.
La tombe de Louis en trône étoit changée.
La fille des Césars siégeoit à ses côtés ;
Et, reposant sur eux ses regards attristés,
La tendre Élisabeth près d’eux s’étoit rangée.
Les gardes, les soldats, dont le sang généreux
Avoit dans leur palais coulé pour leur défense,
Environnoient encor ce trône malheureux,
Que n’avoient pu sauver leur zélé et leur vaillance.
Là vinrent s’incliner les ombres des Clermonts,
Des Montmorency, des Grammonts,
Des Rohans, des Lévis, des Sombreuil, des Noaiiles,
Des Briennes, des Lamoignons,
Cortège glorieux du trône des Bourbons,
Antiques ornements des pompes de Versailles.
Là vinrent les Mole, les plus grands magistrats,
Dont s’honoroient Toulouse et les bords de la Seine ;
Et des vierges du Christ la milice chrétienne,
Et ses pasteurs et ses prélats.