Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/268

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Sous les voûtes du temple où dormoient leurs ancêtres
Leurs ossements sont descendus ;
Et le vieillard fidèle, honoré par ses maîtres,
N’est pas mort sans goûter le fruit de ses vertus.


Non loin de la tombe modeste, où reposent à leur tour les cendres de Descloseaux fut enseveli, quelques jours après, un autre vieillard qui étoit né le même mois et la même année que lui, et dont les talents et les vertus avoient attiré sur sa longue carrière des témoignages éclatants de la considération publique. Le statuaire Dejoux étoit né sans fortune, et voyageoit pour en acquérir, lorsqu’il sentit enflammer son imagination à l’aspect des chefs-d’œuvre de sculpture, dont le célèbre Puget avoit embelli la ville de Marseille. Dejoux étoit alors dans la force de l’âge, à cette époque de la vie où l’on aime à jouir du fruit de ses études ; mais il ne fut rebuté ni par les dégoûts ni par les fatigues d’une éducation nouvelle, ni par les privations que lui imposoit la médiocrité de sa fortune. Les passions triomphent de tout ; et celle qui l’animoit se signala par des progrès si rapides que ses travaux le dédommagèrent bientôt de