Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/32

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orphelins, des veuves, des familles entières, lui doivent leur existence. Sa mort fut une calamité pour les pauvres. Ils suivirent, au nombre de quinze cents, le cercueil de leur bienfaitrice. Cet enclos et ses environs en étoient couverts. Un ami s’étoit chargé de rendre sur sa tombe un hommage public à ses vertus ; sa voix fut étouffée par la douleur ; et les pleurs et les sanglots de ce cortège d’infortunés fut la seule oraison funèbre de cette femme respectable. » — Il n’en fut jamais de plus éloquente ni de plus sincère, repris-je en m’inclinant devant cette tombe. Qu’auroit pu dire de mieux Bossuet lui-même ? Quelles louanges plus dignes auroit-on données à cette vie de paix et de charité ?


Quelle leçon pour l’avare opulence,
Pour ces riches plongés au sein des voluptés,
Dont l’égoïsme altier refuse à l’indigence
Le superflu de leurs félicités ;
Pour ces Verrès qu’endurcit l’injustice
Aux plaintes de la veuve, aux cris des orphelins.
Et qui vont sans pudeur, sur les autels du vice.
Porter le fruit de leurs larcins !