Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/41

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dans le même sépulcre, a rappelé sur la pierre funéraire le génie de l’un et la vertu de l’autre.

Les tombes voisines reportèrent à ma pensée une grande variété de souvenirs. Là se confondoient d’anciennes et de nouvelles illustrations ; des hommes de tous les partis, de tous les rangs, et de tous les états ; de grands seigneurs froissés ou ruinés par nos dissensions politiques, des guerriers qui avoient combattu sous les drapeaux de l’étranger, dans ces débats funestes où s’étoient divisés les intérêts du trône et de la patrie ; d’autres, qui, dans ces mêmes guerres, avoient suivi les glorieux étendards de la liberté, ou que la révolution avoit revêtus de ses magistratures nouvelles. Aucun de ces hommes n’avoit assez brillé sur la scène du monde pour attirer les regards de l’histoire, pour justifier mes excursions dans le domaine des choses passées ; mais en rapprochant les souvenirs qu’ils me rappeloient de ceux qui avoient déjà provoqué mon imagination, je pressentis que ce passé, si diversement jugé par les passions humaines, alloit se repro-