Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/42

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duire tout entier sous mes yeux. Je vis que toute la révolution alloit repasser devant moi,


Avec ses bienfaits et ses crimes,
Ses triomphes et ses malheurs,
Et ses héros et ses victimes,
Et ses beautés et ses horreurs ;
Tantôt ivre de sang, et de sang altérée,
Agitant dans ses mains la torche et les poignards ;
Tantôt belle de gloire, et d’honneurs entourée,
De Memphis à Moscou portant ses étendards ;
Sur les arts, les autels, étendant sa furie ;
Brisant tous les liens, violant tous les droits,
Et bientôt ranimant les arts et l’industrie,
Honorant les vertus, les talents, le génie,
Et cherchant le repos sous le régne des lois ;
Contre le monde entier soutenant ses franchises ;
Aux ordres d’un soldat soumettant sa fierté ;
Imposant tour-à-tour aux nations soumises
L’esclavage ou la liberté ;
Se jouant des états, des princes, et des trônes ;
Renversant, relevant, décernant les couronnes ;
Humiliant les rois jusque dans ses faveurs,
Et les prenant, au gré de ses caprices,
Pour ses victimes, ses complices,
Pour ses vassaux et ses flatteurs.