Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/49

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Il ouvroit les humides plaines ?
Déjà vers les champs de l’éther
Le démon des combats tourne ses yeux avides :
Déjà dans ses mains homicides
S’agitent la flamme et le fer.
Si, maîtrisant un jour les fureurs de Borée,
Et cédant elle-même aux vœux du nautonier,
La nacelle de Mongolfier
D’un vol moins incertain sillonnoit l’empyrée,
L’homme en feroit bientôt un théâtre d’horreur :
Le sang dégoutteroit de la plaine éthérée ;
La nef aérienne, au dieu Mars consacrée,
Seroit un instrument de mort et de terreur :
La haine l’armeroit et de faux et de lances ;
Une horrible industrie agrandiroit ses flancs ;
Le bronze y tonneroit ; et ces vaisseaux volants
Des princes désunis serviroient les vengeances.
Non, c’est assez des arts par Bellone inventés :
Du pillage et de l’incendie
Qui préserveroit nos cités ?
Qui pourroit des méchants arrêter la furie ?
Quel rempart opposer à leurs témérités ?
Si ce fatal secret n’est point une chimère,
Que l’Éternel, dans sa colère,
A notre œil curieux craigne de le trahir ;
Que les carreaux lancés par sa main irritée
Frappent le nouveau Prométhée
Qui tenterait de le ravir !