Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/56

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Initier son esprit créateur
Aux mystères de l’harmonie.
Son retour fit pâlir la sottise et l’envie ;
Mais Voltaire sourit à ses premiers essais,
Aguerrit au combat cet athlète modeste,
Et, voyant dans ses yeux briller le feu céleste,
Pressentit ses destins, et prédit ses succès.
Tout change en un instant sur la scène lyrique :
Grétry règne sur elle ; et, de son art magique
Variant les expressions,
En traits mélodieux il peint les passions,
Se montre tour-à-tour sérieux ou comique,
Sévère et gracieux, brillant et pathétique,
Régie sur les acteurs ses modulations ;
Et le goût, assis au parterre,
Entraîné, transporté par ses émotions,
Proclame le vainqueur annoncé par Voltaire.


Grétry marcha de triomphe en triomphe. Sylvain, Lucile, Zémire et Azor, la Fausse Magie, plus de quarante compositions diverses firent admirer la variété de ses accords, l’inépuisable fécondité de sa verve. Il sembloit trouver une musique nouvelle pour chaque sujet qu’il avoit à traiter, pour chaque caractère qu’il avoit à peindre. On ne pouvoit ni déplacer ni transposer ses airs ; on ne pouvoit