Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/60

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musicien, elle a déguisé son impuissance en multipliant les effets d’orchestre ; et dans un art où l’oreille est si facilement séduite, elle a obtenu des succès qui l’ont encouragée. Ainsi la musique dramatique vit presque en même temps son triomphe et sa décadence. On repoussa l’unité d’intérêt, la vérité de la déclamation, l’analogie des paroles, comme des préjugés d’une école vieillie ; et, de peur que le goût ne s’aperçût de l’absence de la mélodie, on l’éblouit par le luxe des accompagnements ; on l’étourdit par le fracas des moyens accessoires, par une surabondance de motifs sans liaison dont on s’efforçoit en vain de déguiser l’incohérence. Arrêtez, leur crioit Grétry, arrêtez ; vous placez la statue dans l’orchestre et le piédestal sur le théâtre ; vous sacrifiez le poëte au compositeur, la pensée au style, le chant à l’accompagnement. Mais peu de musiciens voulurent l’entendre, parcequ’il y alloit de leur renommée.

Nicolo n’ambitionna point ces succès éphémères ; il avoit en lui de quoi mériter des succès plus durables.