Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/66

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seoir dans la chaire de chimie ; et les succès prodigieux de Fourcroi justifièrent le choix du naturaliste. La beauté de son organe, l’élégance de son style, la magie de son éloquence, attiroient à ses leçons un immense concours d’auditeurs. Toutes les nations de l’Europe fournissoient des disciples à son école. Il a plus que tout autre contribué à propager le goût de sa science favorite ; il en suivoit les progrès avec un zèle infatigable ; il l’enrichissoit lui-même de ses propres expériences. Par la décomposition des eaux minérales, par l’analyse d’un grand nombre de végétaux, il surprenoit, il devinoit les secrets de la nature ; il les livroit à l’art, qui en reproduisoit les merveilles, et développoit enfin ses connoissances et ses découvertes avec tant d’élégance et de lucidité, qu’il les rendoit familières même aux gens du monde. Un tel homme ne pouvoit rester indifférent au spectacle de notre régénération politique. Les suffrages de ses concitoyens l’appelèrent à la tribune ; mais, par une fatalité singulière, il prit dans la Convention la place du monstre dont Charlotte Corday venoit de purger la