Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le fameux Corvisart étoit l’un des plus zélés et des plus fidèles. Il consacroit à son malheureux ami tous les instants que lui laissoient les devoirs de son état. Convaincu bientôt de l’impuissance de son art et de son amitié, il résolut de remonter à la source de ce mal terrible, et d’en demander la guérison à celui qui en étoit le premier auteur. Le palais de Napoléon lui étoit ouvert ; sa réputation lui donnoit un grand crédit à la cour ; et Corvisart n’étoit pas de ces courtisans timides qui tremblent de faire entendre la vérité, de reprocher même une injustice à leur maître. Il n’avoit point cette servilité de caractère que donnent les ambitions subalternes ; et ce n’étoit pas la première fois qu’il embrassoit la cause du malheur, et qu’il se faisoit l’interprète de la raison et de la justice. Il parut devant le monarque avec une noble contenance, et ne montra d’autre altération dans ses traits que celle de la douleur. « Vous avez porté la mort dans le sein de Fourcroi, dit-il à celui devant qui les rois mêmes baissoient les yeux ; le plus habile médecin ne sauroit le ramener à la vie, si vous ne venez