Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/76

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l’exemple de quelques hommes, qui, par un bienfait de leur position, par l’adresse de leur repentir, ou par la souplesse de leur caractère, ont sauvé leur fortune de cet épouvantable naufrage ; irai-je insulter au malheur de ceux dont la fortune s’y est engloutie ? Non, non : que les courtisans du jour insultent aux courtisans de la veille ; c’est une des conditions de leur existence ; et la mienne est heureusement affranchie de ces bassesses obligées. J’abandonne à l’histoire la vie politique de Regnauld. Je ne vois que sa mort ; et cette mort a dû fléchir la haine de ses ennemis les plus implacables. Il étoit proscrit, exilé ; il erroit au-delà des mers ; le malheur avoit troublé sa raison : il ne voyoit, il ne demandent que la patrie, il ne sembloit respirer que pour elle. On lui rouvre les portes de la France ; il se précipite dans son sein ; il touche la terre natale ; il embrasse ses amis, sa famille… et il meurt ! Est-ce un bienfait du ciel ? est-ce une injustice ? je n’ose l’interroger. Le bonheur et le repos ne seroient-ils que dans la tombe ? ou du moins n’en étoit-il plus sur la terre pour celui qui avoit perdu tant