Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Saint-Jean-d’Angély venoit d’attirer mes regards. Il fut aussi l’ami des arts, le protecteur des artistes, le flambeau de la tribune ; mais je ne louerai point l’usage qu’il a fait de son éloquence. Trop éclairé pour ne pas connoître les véritables intérêts de celui qui l’avoit investi de sa confiance, il auroit dû l’éclairer lui-même, opposer à son ambition les austères conseils de la sagesse, et préférer une disgrâce honorable aux faveurs qu’on prodiguoit à sa docilité. Il se fit le complaisant du despotisme ; et le despotisme l’entraîna dans sa chute. Mais pourquoi le punirois-je seul du crime de tant d’autres ? ne seroit-ce point le punir des caprices de la fatalité ? Napoléon n’eut-il que ce flatteur, que cet instrument de sa puissance, que cet interprète de ses volontés inflexibles ? Il est moins facile qu’on ne pense de résister à l’appât des grandeurs, à l’enivrement de la fortune, à l’entraînement de la gloire, aux caresses d’un homme qui tient dans sa main le globe de Charlemagne. Les ames des Sully, des Voisin, des l’Hôpital, ne sont pas jetées à pleines mains par le dispensateur des humaines destinées. Irai-je, à