Page:Vigée-Lebrun - Souvenirs de Mme Louise-Elisabeth Vigée-Lebrun, tome 2.djvu/112

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quelques jours après je retourne à mon cher Vésuve. Cette fois ma petite brunette était de la partie ; je voulais qu’elle vît ce grand spectacle. Monsieur de la Chenaye et deux autres personnes en étaient aussi. Il faisait le plus beau temps du monde. Avant la nuit nous étions sur la montagne pour voir les anciennes laves et le coucher du soleil dans la mer. Le volcan était plus furieux que jamais, et comme au jour on ne distingue point de feu, on ne voit sortir du cratère, avec des nuées de cendres et de laves, qu’une énorme fumée blanchâtre, argentée, que le soleil éclaire d’une manière admirable. J’ai peint cet effet, car il est divin.

Nous montâmes chez l’ermite. Le soleil se couchait, et je vis ses rayons se perdre sous le cap Mysène, Ischia et Procida ; quelle vue ! Enfin la nuit vint, et la fumée se transforma en flammes, les plus belles que j’aie jamais vues de ma vie. Des gerbes de feu s’élançaient du cratère, et se succédaient rapidement, jetant de tout côté des pierres embrasées qui tombaient avec fracas. En même temps descendait