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Page:Vigée-Lebrun - Souvenirs de Mme Louise-Elisabeth Vigée-Lebrun, tome 2.djvu/120

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SOUVENIRS

était à pic sur la mer, et qu’il ne s’y trouvait pas une seule habitation. Le cœur me bat encore quand j’y pense. Je suivis pourtant, non sans recommander mon âme à Dieu. Nous mîmes une heure et demie, marchant toujours, à traverser ces nuages. L’humidité était si grande, que nos vêtemens étaient trempés, on, ne se voyait pas à quatre pieds, en sorte que je finis par perdre ma compagnie. On peut juger de l’effroi que j’éprouvais, quand j’entendis le son d’une petite cloche; je poussai un grand cri de joie, pensant bien que c’était celle de l’ermite chez lequel nous devions dîner. C’était elle, en effet, et l’on vint au devant de moi.

Je trouvai toute ma société réunie dans l’ermitage, qui est situé sur la dernière pointe des rochers du mont Saint-Nicolas. Dans ce moment néanmoins, le brouillard était si épais, qu’il était impossible de rien voir; mais, presque aussitôt, les nuages se divisent, le brouillard se dissipe, et je me trouve sous un ciel pur. Je domine ces nuées qui m’avaient tant effrayée, je les vois descendre dans la mer que le soleil