Page:Vigée-Lebrun - Souvenirs de Mme Louise-Elisabeth Vigée-Lebrun, tome 2.djvu/34

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n’est plus faux, c’est que nous savons tous que Raphaël était amoureux, éperduement amoureux de cette belle boulangère sans laquelle il ne pouvait vivre, à qui il restait fidèle au point de refuser pour elle les honneurs, les richesses et la main de la nièce du cardinal Bibiéna tellement que, lorsque enfin le pape se laissa fléchir et permit que la Fornarina rentrât dans Rome, l’émotion de joie qu’il éprouva, le bonheur de revoir cette femme adorée, contribuèrent beaucoup à terminer ses jours. Un homme aussi passionné, aussi constant, pouvait-il rechercher les voluptés grossières, se rouler dans la fange ? Non, ces choses ne sont pas compatibles ; non, Raphaël n’était pas un libertin il ne faut que regarder ses têtes de Vierges pour être sûr du contraire.

Pardonnez-moi cette diatribe, mon ami : je sors du Vatican ; c’est là surtout que le divin maître a démontré toute la subtilité de son art. Les copies que l’on a faites des chefs-d’œuvre de Raphaël sont loin d’en donner une juste idée ; il faut les voir face à face pour admirer