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Page:Vigée-Lebrun - Souvenirs de Mme Louise-Elisabeth Vigée-Lebrun, tome 2.djvu/33

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distingué, à cette demande si flatteuse ; j’en garderai toujours une douce et reconnaissante pensée.

Combien je regrette de ne pas retrouver ici ce jeune Drouais, que la mort vient de nous enlever cruellement ! Je l’avais connu à Paris, il avait même dîné chez moi avec ses camarades la veille du jour où tous sont partis pour Rome. Vous n’avez pas oublié sans doute son beau Marius ? pour moi, je le vois encore. La foule se portait chez la mère du pauvre Drouais pour voir ce tableau, qui était exposé chez elle. Hélas ! la mort ne respecte rien ; n’a-t-elle pas frappé Raphaël avant qu’il eût trente-huit ans ? n’a-t-elle pas enlevé ce génie au monde, quand il était dans toute sa force, dans toute son énergie ? car je vous avoue que j’entre en fureur lorsque je songe qu’on a osé dire, qu’on a osé écrire que Raphaël était mort par suite d’excès, en un mot, de libertinage. Quoi ce talent si pur, si suave, aurait été chercher ses inspirations dans les mauvais lieux ! De bonne foi, cela peut-il se croire ? Mais la preuve que rien