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Page:Vigée-Lebrun - Souvenirs de Mme Louise-Elisabeth Vigée-Lebrun, tome 2.djvu/42

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habitation. Un froid, une humidité effroyables, m’auraient permis de dormir, qu’une troupe de rats énormes, qui couraient dans ma chambre, qui rongeaient les boiseries et mes couleurs, m’en auraient empêchée. Quand je demandai le lendemain au gardien comment il se faisait que ce petit palais fût si froid et que les rats y eussent établi leur domicile, il me répondit que depuis neuf ans on n’avait pu trouver à le louer : ce que je n’eus point de peine à croire. Malgré tous ces inconvéniens, cependant, je me vis forcée d’y rester six semaines.

Enfin, je trouvai une maison qui paraissait être entièrement à ma convenance. Je ne la louai néanmoins que sous la condition de l’essayer pendant une nuit, et à peine m’étais-je mise au lit, que j’entendis sur ma tête un bruit tout-à-fait insurmontable ; c’était une quantité innombrable de vers qui grugeaient les solives. Dès que j’eus fait ouvrir les volets, le bruit cessa ; mais il n’en fallut pas moins abandonner cette maison à mon grand regret, car je ne crois pas qu’il soit possible de déménager plus souvent