Page:Vigée-Lebrun - Souvenirs de Mme Louise-Elisabeth Vigée-Lebrun, tome 2.djvu/54

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Cette croix a pour le moins vingt pieds de hauteur, et vous parait être suspendue d’une manière magique. Nous vîmes entrer le pape, qui s’agenouilla ; il était suivi de tous les cardinaux qui l’imitèrent ; mais ce qui, je l’avoue, me surprit et me scandalisa même, ce fut de voir, pendant la prière du saint Père, une quantité d’étranger se promener dans l’église avec la même liberté que s’ils étaient dans le jardin du Palais-Royal.

Le jour de Pâques, j’eus soin de me trouver sur la place de Saint-Pierre, pour voir le pape donner la bénédiction. Rien n’est plus solennel. Cette place immense est couverte dès le grand matin par des groupes de paysans et d’habitans de la ville voisine, tous en costumes différens, de couleurs fortes est variées ; on y voit un grand nombre de pélerins. Et pas un de ces groupes ne se divise. Les galeries de chaque côté de l’église étaient remplies de Romains et d’étrangers, puis en avant, se trouvaient placées les troupes du pape et les troupes suisses, enseignes et drapeaux déployés. Le plus