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Page:Vigier - Davout, maréchal d'empire, Tome 2, 1898.djvu/269

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avait promulgués. Quant aux constitutions de l’Empire, dont le maintien était stipulé en termes si généraux, si peu précis, on affecta d’y voir un arsenal dans lequel le pouvoir absolu déposait ses armes, pour les y tenir en réserve jusqu’au moment où il croirait pouvoir en faire usage.
Le jour même où fut promulgué l’Acte Additionnel, un jeune avocat de Nantes, député de la Fédération bretonne, dînait au ministère de la guerre. Il s’expliqua sur ce sujet de toutes les conversations avec la franchise proverbiale de son pays et il termina en disant : « J’ai vu ce matin tous mes collègues de députation et nous avons été unanimes dans un même sentiment qui peut se traduire par deux mots : l’Acte additionnel fait perdre à l’Empereur cent mille hommes et cent millions. »
Tout en faisant la part de ce qu’il y avait d’exagéré dans l’expression, la pensée était malheureusement vraie et on ne tarda pas à se convaincre du mal fait par l’Acte additionnel. Jusqu’alors les royalistes étaient restés plongés dans la stupeur et comme frappés de la foudre ; à partir de ce moment, ils donnèrent signe de vie. Trouvant un point d’appui dans l’opinion, ils s’agitèrent dans tous les sens et exploitèrent avec autant d’habileté que d’ardeur des mécontentements dont le principe n’avait certes rien de commun avec celui de leur parti. En même temps, on vit prendre corps à cette opposition libérale qui ne s’était encore signalée que par les manifestations isolées du recueil périodique Le Censeur. Cette opposition, que l’on ne combattait pas, parce qu’elle était une force contre l’adversaire commun, arriva en majorité